ALCHIMISTE DU SOLEIL PULVÉRISE, Poème pour Antonin Artaud, Murielle Compère-Demarcy , Z4 Editions
Quand il s’agit d’écrire sur Artaud, il est indécent -cochon, dirait-il-d’ex-pliquer sans s’im-pliquer, quitte à se diluer dans le cosmos monumental du Mômo. Ne pas es-quisser mais s’im-miscer, c’est ce que fait Murielle Compère-Demarcy dans ce long et dense « poème pour Antonin Artaud », s’immiscer dans les interstices, les souterrains d’Artaud le Vrai. Ecrire l’être, l’auteur aimé, c’est écrémer, purifier le langage de ses truismes, mexicaniser le franchouillard. Ecrémer pour écrire l’âme de Marat-Artaud qui perd-trouve ses maux. Comme son (hors) sujet Antonin, Alchimiste du soleil pulvérisé s’incarne en une langue organique, « stomachale » mais aussi abstraite, qui incorpore les concepts d’Artaud, « génital inné » qui n’a jamais joui que vers les astres. Le poème se fait rythme, scansion, de la Corde-Lyre aux Autres Dévergondations en passant par la Danse du Peyotl et La Chambre Ardente, plus prose poétique, à l’image, précisément, de l’essai d’Artaud sur Van Gogh. Pour parler l’Artaud, ce français dont comme le papou il se fout, ce verbe éruptif et vital, anti-Occident et capable d’occire la bonne grammaire des épiciers du langage, il fallait se mettre à la hauteur d’incandescence de ce dernier, faire surgir les vers de la terre Tarahumara et Murielle Compère-Demarcy, sur ses traces dans la Sierra Sacrée, s’indianise, se néologise, de manière convulsive et aratrice.
François Audouy, 16/11/2025
Laisser un commentaire